Actualités française: «Un varón» de Fabián Hernandez, «un homme ne pleure pas»

Publié le : 15/03/2023 – 11:12Modifié le : 15/03/2023 – 11:15

Ce mois de mars, sort sur les écrans français trois films colombiens découverts au Festival de San Sebastian l’an dernier. Trois histoires d’adolescents des rues, trois problématiques et trois regards de cinéastes. Un varón de Fabián Hernandez ouvre le ban ce mercredi 15 mars, suivi de Eden d’Andrés Ramirez Pulido et de Les rois du monde de Laura Mora à la fin du mois. Un varón« un mâle », questionne et dénonce un rapport toxique à la masculinité et à la violence.

Carlos promène ses fringues trop grandes pour lui, balançant les épaules, mains dans les poches. Silhouette menue et fin visage discrètement tatoué, le jeune garçon erre entre le foyer où il est accueilli -celui du Père Javier de Nicolo à qui le film est dédié- et son quartier de Santa Fé dans le centre de Bogota, défoncé par les bulldozers, où sa sœur l’héberge parfois.

Le film, présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes l’an passé, s’ouvre de façon documentaire sur des jeunes du foyer qui expliquent face caméra ce que c’est d’être un mec, un mâle, un vrai. La rue vous force à être un dur, elle vous mange, « elle a des tentacules qui absorbant » ; soit tu bouffes, soit tu te fais bouffer… Dans cet univers de balèzes au vocabulaire hyper sexué, qui joue des muscles et des haltères, regarde des vidéos pornos la nuit, joue du revolver comme d’autres de la playstation, on sent Carlos mal à l’aise. Lui aussi joue au dur, se fait raser la tête » comme un homme ». Mais il rêve également de passer Noël avec sa mère -en prison- et sa sœur Nicole -qui se prostitue-, se dessine des lèvres sur un miroir avec le rouge à lèvres de sa sœur. Une ambiguïté que le film suggère, sans forcer le trait. Carlos doute, se cherche.



Un film catharsis

Aucun des acteurs du film n’est un comédien professionnel. Ce sont tous des jeunes du quartier et il a fallu demander aux bandes qui contrôlent la permission de filmer, explique le réalisateur. Dilan Felipe Ramirez Espitia, rencontré à un concert de rap, est Carlos et il est étonnant, comme les autres. Les dialogues sont improvisés au fil de l’action, le réalisateur donnant quelques indications de mise en scène et de contexte. Je dirais que  » le personnage de Carlos est un mélange entre mon passé et le présent de Felipe », explique Fabián Hernandez, qui connaît cet univers pour en avoir fait partie, et en être sorti.

Ce premier film, mûri dans de précédents courts métrages et porté pendant dix ans, a été une sorte de catharsis pour lui. Il s’agissait de porter et de proposer un autre regard sur ces jeunes. Le dispositif devait être simple : la caméra est attentive aux visages et aux sentiments. « Je voulais uniquement disposer d’une caméra sur un trépied. Nous avons besoin d’avions de temps pour que les personnages s’alignent avec leurs émotions. » Laisser les larmes venir, la tristesse s’installer. Comme dans cette scène, la nuit de Noël, où des enfants perdus sont assis en silence autour d’un feu, au milieu des ruines.

Le refus de sublimer la violence

Fabian Hernandez connaît ces rues par cœur, ses parents vivent dans le quartier ; il savait où installer sa caméra comme dans ce plan où ses amis de la pension consolent Carlos, assis sur le trottoir, et lui proposaient d’aller faire un peu de « business » avec eux. Derrière eux, sur le mur, une peinture des trois Rapetou, les chiens voleurs de Disney. Carlos ne vole pas, ne se drogue pas, mais doit traficoter pour subvenir aux besoins de sa mère en prison et sortir sa sœur de la rue. La famille, une bouée à laquelle tous s’accrochent, quand ils en ont une. La famille, la religion, la virilité… des valeurs que le réalisateur interrogé.

Pour devenir un vrai mâle, Carlos va devoir faire ses preuves, jusqu’à l’épreuve ultime, tuer quelqu’un. « C’est pas plus difficile que d’ouvrir une boîte de sardine », assure-t-il fils dealer. La violence reste cependant le plus souvent hors champ. Pas question de filmer ce dont les jeunes sont abreuvés à longueur de journée, assume Fabián Hernandez : « dans mon film, il n’allait pas y avoir de morts ni de sublimation de la violence. » Il préfère filmer les jeunes, garçons et filles, chantant à tue-tête et dansant sur leur hymne, celui des gamins de la rue : « J’ai un ange qui me protège… parfois je traverse un quartier en pleine fusillade et il est derrière moi… » de Tego Calderón.

Questionner ces valeurs et proposer un autre regard, ouvrir le champ des possibles, c’est le propos de Fabián Hernandez. Et le message passe, magnifiquement.



Parutions sur le même thème:

Affaire Priore/Bibliographie.,Clicker sur ce lien .

Photographie/Fabricants/Gaumont.,sur ce lien la fiche de présentation.

Photographie/Sociétés et Organisations/Éditeurs de livres photographiques/Éditions de La Martinière.,Ici la fiche de présentation. A emprunter en bibliothèque.

a-info.org est une plateforme d’information qui préserve de multiples informations publiés sur le net dont le sujet central est « Informations de A à Z ». Ce dossier parlant du thème « Informations de A à Z » fut sélectionné en ligne par les rédacteurs de a-info.org La chronique a été reproduite de la manière la plus juste qui soit. Pour émettre des remarques sur ce texte sur le sujet « Informations de A à Z », merci de contacter les contacts affichés sur notre site. Dans peu de temps, nous rendrons accessibles au public d’autres informations sur le sujet « Informations de A à Z ». Par voie de conséquence, visitez de manière régulière notre blog.