Publié le : 04/05/2023 – 16:01
Depuis le début de la contestation en Iran, 774 étudiants ont été arrêtés, selon le dernier décompte du collectif We Are Iranian Students. Pour médiatiser le sort de ces jeunes, l’association a mis en place un nouveau programme : le parrainage académique de ces étudiants incarcérés par des professeurs des quatre coins du globe.
Un jeune homme élégant, vêtu d’une chemise, pose veste à la main, montre au poignet, et lunettes de soleil sur les yeux. Derrière lui, un plan d’eau baigné de soleil. Cette image, c’est l’unique photo que reçoit Azadeh Thiriez-Arjangi quand elle s’inscrit au programme de parrainage académique de l’association Nous sommes des étudiants iraniens (WAIS), en avril dernier. Depuis, l’enseignante à Sciences Po Rennes est devenue la marraine de ce garçon.
Son nom : Ali Ebrahimi, étudiant iranien en philosophie à l’université de Téhéran, arrêté le 20 novembre 2022 et transféré à la prison de Fashafouyeh, d’après les informations de WAIS. « Dès que j’ai vu son visage, j’ai été très touchée. Je me suis dit : « il aurait pu être un de mes étudiants » », se remémore la professeure.
Susciter l’émotion est exactement ce qu’espère le collectif à l’initiative du projet. L’idée : inciter le corps enseignant à parrainer des étudiants iraniens emprisonnés pour apporter un soutien à la jeunesse du pays et « donner sa voix à ces jeunes injustement détenus ».
« Une de nos missions est d’amplifier la visibilité de la révolution en cours, de la crédibiliser auprès de la communauté internationale et d’augmenter la mobilisation. Un outil à la portée de tous, c’est de mettre en avant les victimes de cette révolution, et plus particulièrement les étudiants », indique Sahar Aghakhani, doctorante en biologie de 26 ans et secrétaire générale de WAIS.
La volonté de « ne pas oublier ces jeunes »
Plus de sept mois après la mort de la jeune Mahsa Amini et le début du soulèvement du peuple iranien contre le régime islamique, les manifestations ont conduit à des milliers d’arrestations et des centaines de morts. Depuis, WAIS, collectif composé lui-même de jeunes, s’applique à recenser presque quotidiennement dans une base de données la situation des étudiants iraniens arrêtés, grâce aux renseignements obtenus « par les syndicats nationaux estudiantins en Iran et par les canaux Telegram sur place », rapporte Sahar Aghakhani.
L’organisme dénombre pour l’heure 774 étudiants arrêtés, 383 incarcérés ou dans une situation inconnue. « On estime qu’il y a en réalité beaucoup plus d’étudiants arrêtés que ce qu’on recense, comme on a vu à quel point les universités étaient à l’avant-garde des mouvements de contestation en Iran », rappelle la doctorante. Alors pour « ne pas oublier ces jeunes », WAIS a décidé de lancer début avril 2023 son programme de parrainage académique.
La démarche est simple : après une courte inscription sur son site, l’organisme associe un enseignant à un étudiant de la même filière pour « favoriser une proximité entre parrain et élève ». Ensuite, WAIS transmet des informations ainsi qu’une image de la personne détenue aux parrains. « On leur demande de partager cette photo sur leurs réseaux sociaux et de témoigner de leur implication dans le projet à leur entourage. Ce genre d’initiative ne peut fonctionner que par le nombre de parrains et marraines mobilisés ». À ce jour, 71 acteurs académiques internationaux (en France, en Turquie, en Suisse, en Belgique, au Canada, au Liban et aux États-Unis) ont attaché leur nom à un élève enfermé.
« L’étudiant n’est pas juste un chiffre, mais une personne réelle »
Quand elle a eu vent de l’initiative, Azadeh Thiriez-Arjangi n’a pas hésité une seule seconde. « J’ai été touchée par la sincérité du projet. C’est une manière pour moi d’agir et de prendre ma responsabilité. J’essaie de parler d’Ali avec les politiques que je connais et aux personnes que je croise, d’expliquer que je suis sa marraine », résume la chercheuse associée à l’EHESS.
Un geste certes symbolique, mais qui n’en reste pas moins profondément éthique pour cette professeure de philosophie. « Ce parrainage apporte une forme de reconnaissance aux combats de la jeunesse iranienne. Il permet d’envoyer le message qu’on partage les valeurs pour pourquoi ils se battent », assure-t-elle. Avant d’ajouter : « L’étudiant n’est pas juste un chiffre ou un hashtag, mais bien une personne réelle, à part entière et avec un visage. »
Car pour elle comme pour beaucoup d’autres professeurs inscrits dans le programme, l’emprisonnement de ces jeunes iraniens porte un coup fatal au futur du pays. « En situant les jeunes, ceux qui doivent construire le pays de demain, en prison, tout l’horizon d’attente et toutes les perspectives d’avenir sont dégradés », s’indigne-t-elle.
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Tenter de faire pression sur les instances politiques
Ce type de projet n’est pas nouveau. En décembre 2022, à l’appel de plusieurs collectifs iraniens dont « Iran Justice » en France, plusieurs parlementaires français, allemands ou canadiens – de tous bords politiques – s’étaient déclarés parrains et marraines d’Iraniens condamnés à mort.
« On a vu la médiatisation que ça a pu donner à ces condamnés. Et même si on ne peut évidemment pas faire de corrélation, on a constaté que dans les semaines suivantes, certaines peines ont été révisées. Donc, à terme, on aimerait que la situation tragique des étudiants iraniens emprisonnés remonte aux instances politiques internationales. Et qu’elles peuvent ensuite mettre la pression sur la République islamique », appuie Sahar Aghakhani. Le but : inviter les personnalités politiques à réagir et attirer l’attention sur ces visages à l’histoire inconnue, à l’avenir plus qu’incertain.
Face à l’unique image d’Ali en sa possession, Azadeh Thiriez-Arjangi ne peut s’empêcher de vouloir décélérer des indices dans son regard. « Est-ce qu’il me demande de l’aide, de le rejoindre pour se battre à ses côtés ? Est-ce qu’il s’interroge sur ce qu’il va lui arriver ? Ou veut-il me poser une question sur un texte comme tous mes autres étudiants ? » Elle s’accroche à l’espoir qu’un jour, peut-être, ses interrogations trouveront leurs réponses.
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