Voici les « bonnes pages » d’un « papier journalistique » que nous venons de remarquer sur le web. Le propos va bien vous intéresser. Car le thème est « Actualité française ».
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Titre exacte donné par le journal était: les Verts revoient leurs classiques et Lucie Castets se rode
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Peut-être à l’intention des distraits qui auraient perdu de vue les combats prioritaires que sont la promotion de la sobriété heureuse et la lutte contre le réchauffement climatique, Les Écologistes ont fait le pari, cette année, d’organiser leurs universités d’été au parc de l’île Balzac, à Tours, sous des yourtes et des tipis, sans climatisation et sans wi-fi.
Entre les food trucks, les militants allongés à l’ombre des chênes, les toilettes sèches et l’orchestre jazz-rock des Scouts, l’ensemble a des airs de festival en mode pause, attendant la prestation de la star : Lucie Castets, programmée à 18 heures, future Première ministre du Nouveau Front populaire. Ou pas.
Les élus et les sympathisants interrogés, bien entendu, font tous mine d’y croire. « Nous sommes sereins, déterminés. Il faut qu’Emmanuel Macron la nomme, il doit la nommer, c’est la logique des institutions », martèle la députée Cyrielle Chatelain.
Retour aux fondamentaux écologistes
Rien, pourtant, dans le contenu des ateliers tourangeaux des Verts, ne donne le sentiment d’un parti à l’orée du pouvoir, prêt à traduire dès lundi, en mesures concrètes, le programme écrit à la va-vite du Nouveau Front populaire.
À LIRE AUSSI Macron à l’heure de la clarificationAprès des européennes 2024 douloureuses (5,5 % et 5 élus, contre 13 dans l’Assemblée sortante), pour ces journées rituelles, Les Écologistes se replient sur des valeurs refuges : la défense des services publics, la promotion du rail contre la route, les droits LGBT, la lutte contre les phytosanitaires, la dénonciation du système patriarcal. C’est un peu Radio Nostalgie. Les Scouts, instinctifs, entament « La Groupie du pianiste », de Michel Berger.
Profil bas sur la Palestine : elle est présente sur quelques tee-shirts dans la foule, mais pas de drapeau palestinien à l’horizon dans le parc Balzac. Une militante tentera d’en sortir un, au moment où Lucie Castets arrive au pied de la scène. Elle sera courtoisement mais fermement priée de le faire disparaître.
Impasse sur le nucléaire
Pendant toute la journée, pas un atelier, même pas une allusion au nucléaire, sujet encore plus sensible que Gaza chez les Verts. Ce serait pourtant un sujet de débat, pour une formation qui se veut de gouvernement, car c’est une énorme pomme de discorde au sein du NFP. Le PCF et le PS sont pour. LFI est contre. Quant aux Écologistes… Pour eux, le sujet est existentiel.
Le parti est le seul qui a inscrit l’opposition à l’atome civil dans ses statuts. Il retarde indéfiniment le moment d’affronter le soudain basculement de l’opinion. En quatre ans, le nombre de Français favorables à la fermeture des centrales s’est effondré de quatre sur dix à deux sur dix. Impasse sur le sujet en 2023 aux journées d’été du Havre, impasse à Tours en 2024.
Comme un refrain, presque un ronronnement, dans chaque atelier caniculaire (il fait 30 °C dans les yourtes), revient la dénonciation de l’extrême droite et du péril fasciste. Elle monte ? Ignorons-la, conseille Sarah Persil, élue régionale de Bourgogne-Franche-Comté. « Twitter (ou X), c’est comme le café néonazi. Il faut mieux aller sur Mastodon », réseau social alternatif que l’élue régionale compare à un café associatif, où le public, convaincu d’avance, sera réceptif.
En attendant Lucie
Dans le public, Thierry craque. Il se dit agriculteur, adhérent depuis dix ans. « C’est la première fois que je viens et je suis très déçu par ce que j’entends ! Voilà quarante ans que nous utilisons les mêmes arguments, et ça ne marche pas, le RN monte. J’ai des amis qui votent Bardella, ils ne sont pas plus bêtes que nous ! » Sur les bancs, le public murmure, mécontent. Sarah Persil se lève et part sans répondre. Il est 16 heures.
Annoncée à 18 heures, Lucie Castets se fait désirer, bien entendu. Charles Fournier, député écologiste de Tour, chauffe le champ (puisqu’il n’y a pas de salle). Il fait acclamer le nom de la postulante à Matignon, « défenseure des services publics ». La députée LFI Aurélie Trouvé, enchaîne, pour La France insoumise. Elle est heureuse d’être là, heureuse d’annoncer Lucie Castet, choix de consensus.
À LIRE AUSSI Lucie Castets, l’impossible candidatureLéon Deffontaines (PCF, battu dans la Somme aux législatives 2024) poursuit. Il dénonce encore le RN, « faussaire de la question sociale », et vend une alliance NFP « prête à gouverner, prête à changer le quotidien des Français ».
« Le chaos, c’est Macron, le Nouveau Front populaire, c’est la solution », clame après lui Youlie Yamamoto, porte-parole d’Attac, très remontée contre « la France des millionnaires, des milliardaires ». Elle est pour « la bifurcation écologique » et « la taxation des superprofits », qui « rapporterait beaucoup ». Mais Youlie Yamamoto « passe les détails », elle est « déjà crevée ». L’important, conclut-elle, reste de « battre le RN » pour « une planète habitable ».
Ali Rabeh, maire de Trappes, prend le micro. Il insiste sur la nécessité de « battre l’extrême droite ». Chemise en jeans et pantalon blanc, baskets équitables Veja aux pieds, Yannick Jadot, qui était dans le public, s’éloigne de la scène, sourire en coin, pour parler avec des copains.
14 minutes de discours
Il est 19 heures. On attend toujours Lucie Castet, « incarnation formidable de cette société civile qui nous a débordés, nous les partis politiques », termine Ali Rabeh. Le soleil descend, la température baisse. L’enthousiasme aussi. Encore un orateur, puis une autre, puis une troisième, une quatrième, un cinquième, un sixième. Les interventions ne s’éternisent pas, mais elles se répètent. Yannick Jadot n’écoute plus du tout, il répond aux télévisions.
19 h 32, Lucie Castets apparaît enfin au micro. Chignon sage, chemisier, hommage de rigueur à Marine Tondelier et au maire écologiste de Tours, Emmanuel Denis. La sono connaît un raté quand elle enchaîne sur l’impératif du « barrage à la haine ». Elle a la présence d’esprit d’en rire la première : « Désolé, ce devait être un moment solennel de mon discours… »
J’ai dit oui pour qu’un projet de gauche et écologiste soit mis concrètement en actes au gouvernement, pour sortir de la politique délétère menée depuis sept ans. C’est pour transformer cette espérance en réalité que je me tiens devant vous aujourd’hui.#JDE2024 pic.twitter.com/b3VAas0S0U
— Lucie Castets (@CastetsLucie) August 22, 2024
Le débit est un peu rapide, les propos sans surprise, mais Lucie Castets se veut concrète. Elle parle de la réforme du bac, de la réforme de l’internat. Elle en profite pour corriger une erreur qu’elle avait commise : il est question de supprimer 1 500 postes d’internes, pas 15 000, comme elle l’avait dit sur BFMTV deux jours plus tôt. Pays fragmenté à ressouder (avec une exception pour les « gros pollueurs les plus riches » qu’il faudra faire payer), extrême droite à combattre, services publics à rebâtir, fiscalité écologique à construire. Il est 19 h 46, Lucie Macron a parlé 14 minutes. Vendredi, elle a rendez-vous à l’Élysée.
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